Christian Roux

Après trente ans d’expression graphique, Christian Roux poursuit son parcours sinueux et atypique dans le monde de l’illustration en slalomant avec brio de la presse à la publicité, du livre jeunesse au dessin animé. Tous les genres réussissent à cet oiseau rare qui aime faire bande à part : « J’aime bien faire les choses dans mon coin. J’ai toujours été un franc-tireur et je n’ai jamais voulu faire partie d’une chapelle ou d’un clan ». Sans crânerie, cet être discret cultive naturellement cette liberté d’esprit depuis les années 70 et son adolescence hippie, où il apprît seul à dessiner dans sa chambre lyonnaise, tout en écoutant du rock’n’roll. Curieux, il forme son goût et forge son style en explorant le travail des autres : Rothko, Bonnard, Chardin, Le Greco sans oublier dans un autre registre, Topor et Sempé qu’il apprécie particulièrement. Déterminé, il noircit des feuilles de papier, élabore des univers et des personnages en se fiant à son instinct, sans subir l’influence d’une école d’art ni de dessin.
Un jour, à 17 ans, il saute dans le train, direction Paris et la rédaction d’Actuel où il décide au culot d’aller montrer ses illustrations à Jean-François Bizot. Elles sont publiées sur le champ sous son pseudo de l’époque Cathy Millet.

Cathy Millet alias Christian Roux rencontre par la suite Georges Wolinski qui lui ouvre les pages de Hara Kiri, puis celles de Charlie Mensuel. A partir des années 80 et jusqu’à aujourd’hui, il enchaîne les collaborations en France avec Libération, le Monde, Glamour, Marie Claire, Cosmopolitan, le Magazine Littéraire, Lire, Psychologies, XXI et à avec la presse internationale : Vogue Italie, The New Yorker, The Washington Post, The Wall Street Journal… Il participe aussi à des campagnes publicitaires (Air France, Kodak…), à la création d’affiches originales lithographiées (Will’s wine bar, Concerto Média, Charles Heidsieck) et réalise également des dessins animés pour La Redoute, l’Inserm, Tamagucchi.

Il y a une dizaine d’années, époque où il inventait et illustrait des histoires pour son fils Abel, il bifurque vers l’illustration du livre pour la jeunesse. Sur ce nouveau terrain de jeu, aux codes et aux contraintes rigoureuses, Christian réussit à imposer son style très graphique, élégant et épuré tout en restant fidèle à son principe de dessiner pour les enfants comme il le ferait pour les grands. Son autre règle ? La simplicité. Cet adepte de la devise « less is more », – autrement dit moins on en fait, mieux c’est-, aime concrètement donner l’impression que son travail a été simple à exécuter alors qu’il a exigé un grand investissement dès le départ : « Je n’aime pas qu’on sente la sueur » dit-il en souriant. Sa recette maison fonctionne puisqu’il a publié une vingtaine de livres dont les très remarqués « Le Lapin et le Tigre » (Seuil Jeunesse) et « La boîte à lettres » (Albin Michel Jeunesse). En 2015, il sort son petit dernier, le prometteur : « Le loup et les sept chevreaux ». Ce livre commandé au préalable par un éditeur coréen, a été adapté par la suite au Seuil Jeunesse. Les douze illustrations issues du livre sont exposées pour la première fois chez FLAIR Galerie.

Amélie de Turckheim
Février 2015

Christian Roux est représenté par la Galerie SIT DOWN à Paris.